La pilule est le contraceptif le plus prescrit en France. Et pourtant, ce petit comprimé peut parfois être à l’origine d’un mal-être persistant et de nombreux effets secondaires. Lorsque j’ai décidé d’arrêter la pilule contraceptive après 7 ans de prise quotidienne, j’ai d’abord eu peur. Peur de tomber en enceinte, peur de la réaction de mon corps, peur de la réaction des autres. Deux après avoir arrêté la pilule, je ne reviendrai sur ma décision pour rien au monde.
Comment ça se passe dans les mois qui suivent ? Quels sont les impacts sur le corps ? Je vous partage mon expérience dans cet article !
Entre effets secondaires et charge mentale : la pilule
Si la pilule hormonale reste l’un des contraceptifs le plus prescrits en France, elle n’en est pas moins inoffensive. Certes, chaque perception est différente, mais la prise d’hormones de synthèse au quotidien peut néanmoins avoir un impact non négligeable sur nos corps.
La pilule, contraceptif le plus prescrit en France
La pilule est le contraceptif le plus prescrit en France. En effet, 11 millions de Françaises utilisent un moyen de contraception : la part de la pilule est de 41 %, et caracole en tête des contraceptifs. Et pourtant, comme tout contraceptif hormonal elle est, par nature, un perturbateur endocrinien avéré. J’ai pris la pilule pendant près de 7 ans. À l’époque, j’étais en couple et je ne me suis posé aucune question. Sur les conseils d’un.e gynécologue, j’ai changé plusieurs fois pour finir par avaler Leeloo Gé. Plus tard, j’ai hésité avec le stérilet ou l’implant, mais je ne suis jamais allée au bout de ma démarche.
Une charge mentale de plus en plus forte
Quelques années plus tard, j’ai commencé à réaliser que la pilule générait un réel stress sur mon corps. Je me sentais responsable de la contraception de mon couple. Je tiens à préciser que mon compagnon ne m’a jamais obligé à prendre la pilule. Il était même ouvert au partage de cette responsabilité. De mon côté, j’ai vite compris que je n’étais pas prête à lui faire confiance à ce sujet. Pendant plusieurs mois, j’ai continué à prendre la pilule sans être convaincue de ce que je faisais. De plus en plus, je craignais un déni de grossesse (alors que cela reste assez rare). Je devenais parano, mais je ne voyais pas d’autres alternatives à la pilule qui puissent me convenir.
Des effets secondaires non négligeables
J’ai pris conscience de l’impact des hormones sur mon corps en prenant la pilule du lendemain. Un soir, j’ai de nouveau oublié d’avaler mon comprimé quotidien. J’ai complètement paniqué et j’ai couru dans la pharmacie la plus proche. Mon corps a très mal supporté la quantité d’hormones absorbées et les semaines qui ont suivi ont été très difficiles à vivre. Entre douleurs mammaires, saignements, sautes d’humeur, dépression, etc., j’avais l’impression de subir un syndrome prémenstruel en permanence ! Certes, j’ai probablement évité une grossesse non désirée, mais j’ai senti que mon corps avait eu sa dose d’hormones pour un moment.
La méconnaissance du cycle menstruel
C’est suite à ce énième oubli que j’ai décidé d’arrêter la pilule. Quelques mois plus tôt, poussée par mon compagnon, j’avais commencé à faire quelques recherches sur la symptothermie. La symptothermie est une méthode qui consiste à suivre son cycle menstruel à travers l’interprétation de paramètres corporels. Le suivi et l’analyse de ces informations permettent de connaitre ses périodes fertiles et infertiles. Progressivement, j’ai pris conscience qu’en tant que personne menstruée, je ne connaissais que très peu mon corps et encore moins son fonctionnement. C’est ce manque de connaissance qui, quelques semaines plus tôt, m’avait poussée à prendre la pilule du lendemain. Avec le recul, j’ai compris que j’étais à la fin de ma plaquette : mes chances de tomber enceinte étaient infimes. Mais ça, je ne le savais pas.
Arrêter la pilule : l’une des meilleures décisions de ma vie
L’arrêt de la pilule a signé pour moi la fin d’effets secondaires dont je n’avais même plus conscience. S’il m’a fallu plusieurs mois (2 ans en fait) pour retrouver un cycle menstruel naturel, je suis aujourd’hui soulagée d’avoir sauté le pas !
L’arrêt de la pilule contraceptive
La prise de la pilule du lendemain aura eu au moins deux effets positifs. Je ne suis pas tombée enceinte et j’ai décidé d’arrêter la pilule à la fin de ma plaquette. En avalant mon dernier comprimé, j’ai eu la sensation de sauter dans le vide. C’était devenu une habitude tellement tenace que j’avais peur de l’arrêter. Les premières semaines, je n’ai pas noté de changement particulier. J’ai eu mes règles environ un mois plus tard. Le cycle suivant a été très intense : j’ai incarné pleinement les quatre phases de mon cycle, comme si mon corps se remettait brutalement en marche. En l’espace de deux mois, j’ai perdu deux kilos, principalement dû à de la rétention d’eau. Mes règles se sont arrêtées, pour reprendre ensuite de façon irrégulière. Deux ans plus tard, mon cycle menstruel s’est (enfin) stabilisé.
La disparition des effets secondaires
Au fur et à mesure que mon cycle se remettait en place, les effets secondaires de la pilule se sont estompés. Voici la liste (non exhaustive) ce que j’ai pu noter d’un point de vue physique :
- mon corps a naturellement « dégonflé » : mon appétit s’est régulé (j’étais constamment tenaillée par la faim) ;
- mes cheveux sont plus épais, plus forts et repoussent plus vite, tout comme le reste de mes poils (du coup j’ai arrêté de m’épiler !) ;
- ma peau sécrète plus de sébum : j’ai quelques imperfections mais rien de bien méchant ;
- mon souffle est revenu : je ne suis plus essoufflée au bout de 20 minutes et mes capacités physiques se sont (enfin) développées.
Je ne pleure plus sans raison et je peux de nouveau tenir tête à quelqu’un sans fondre en larmes. Joie, tristesse, fatigue ou énergie, je vis désormais pleinement mes émotions et mes sensations. Il est plus facile pour moi de savoir ce que je veux et de prendre des décisions. Ma libido a refait surface après des années d’incompréhension. Autrefois lisse et plate, elle fluctue aujourd’hui en fonction de mon cycle et de mes envies. Enfin, arrêter la pilule a changé la vie de mon couple. Tout est beaucoup plus fluide, plus « vrai » (si si), entre nous deux.
Bien se faire accompagner
Pour moi, l’arrêt de la pilule s’est globalement bien passé. J’ai dû rééquilibrer mon alimentation et j’ai développé certaines intolérances alimentaires, mais c’est tout. Cependant, j’ai lu beaucoup de témoignages de personnes menstruées qui subissent le retour de l’acné ou une prise de poids. Chaque corps est différent : nous ne sommes pas égaux face à la prise de médicaments. C’est d’ailleurs pour cette raison que la pilule ne convient pas à tout le monde. À l’époque, j’en avais parlé à mon médecin qui ne m’avait pas vraiment écoutée. J’ai fait le choix de me faire accompagner par une naturopathe pour rééquilibrer mon alimentation. Pour réguler mon syndrome prémenstruel, j’ai consulté une sage-femme spécialisée dans l’étude du cycle pour mieux comprendre les réactions de mon corps. Avec le recul, je me rends compte que j’avais surtout besoin de parler et de me sentir écoutée !
Arrêter la pilule pour renouer avec son corps
Arrêter la pilule m’a conduit à renouer avec mon cycle menstruel au naturel. Se sentir connectée à son corps et à ses émotions, une sensation que j’avais presque oubliée tellement elle était inhibée.
Retrouver un cycle menstruel naturel
L’arrêt de la prise d’hormones de synthèse a été pour moi l’opportunité de renouer avec mon cycle menstruel. L’un des effets contraceptifs de la pilule est de bloquer l’ovulation. Ainsi, les règles sous pilule n’en sont pas vraiment. Ce ne sont que des saignements volontairement mis en place par les laboratoires pharmaceutiques. En effet, les premières pilules stoppaient les menstruations, un phénomène qui a été mal reçu lors de la mise sur le marché de la pilule. C’est pour cette raison que certaines plaquettes n’ont que 21 comprimés. L’idée de ne pas vraiment savoir si j’étais enceinte (car on peut saigner en étant enceinte) me paniquait totalement (la probabilité est très faible !). Aujourd’hui, je suis et j’interprète les signaux de mon cycle, ce qui me permet de savoir rapidement s’il y a grossesse ou non. Enfin, je peux anticiper les phases de mon cycle et organiser mon planning en fonction de mon niveau d’énergie.
Comprendre et accepter sa nature cyclique
Depuis l’arrêt de la pilule, je suis persuadée que les personnes menstruées doivent accepter leur nature cyclique afin de pouvoir vivre pleinement. La prépondérance du système patriarcal dans nos sociétés nous contraint à ignorer ou à lisser cette part de notre personnalité. Et pourtant, elle est essentielle à notre développement, qu’il soit personnel ou professionnel. C’est la source de nos émotions, de nos sensations, de notre créativité, c’est notre essence de vie ! C’est une part de nous que nous ne pouvons nier. En tant que personnes menstruées, il est de notre droit de vivre aligné.e avec notre nature profonde. Il est de notre droit de renouer avec nos racines sacrées, si lointaines soient-elles.
P.-S. Lorsque j’écris ces mots, je suis dans une phase de haute énergie de mon cycle et j’ai bu un verre de vin. J’aurais envie de crier mon amour de la nature cyclique au monde entier et de faire un câlin à toutes les personnes menstruées de la Terre
J’ai écrit cet article, car je suis persuadée qu’il est essentiel pour les personnes sous contraception hormonale de partager leurs expériences. La pilule peut être à l’origine de nombreux effets secondaires sur nos corps, comme elle peut ne pas l’être. Dans ce contexte, il faut continuer à questionner la science et à développer notre sens critique. Réapprenons à nous faire confiance et à croire en nos sensations. Ne laissons pas les autres parler pour nous, nous seul.e.s savons mieux que quiconque ce que nous vivons dans nos corps.
Et vous, quelle contraception avez-vous choisi ? Avez-vous fait le choix d’arrêter la pilule ? N’hésitez pas à partager vos expériences en commentaire, je serais ravie de vous lire !
Mes sources d’inspiration & de réflexion
Le livre L’homme préhistorique est aussi une femme de Marylène Patou Mathis
La bande dessinée L’Origine du monde de Liv Strömquist
Le livre J’arrête la pilule et le blog de Sabrina Debusquat
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