C’est le défi que nous avons décidé de relever cet été : voyager zéro déchet. À la maison, le recyclage, les produits en vrac et la limitation des emballages font partie de nos habitudes. Sauf qu’en voyage, tout est différent : achats impulsifs et consommation irréfléchie, notre démarche zéro déchet prenait elle aussi des vacances ! Je vous partage notre expérience et nos astuces. C’est parti !
Voyager zéro déchet : une (re)prise de conscience ?
À l’origine de ce défi, un constat
« On prend quoi pour manger ? », c’est la question que nous nous posions à peu près tous les jours. N’étant pas les rois de l’organisation, cela finissait régulièrement à la supérette du coin avec un paquet de tranches de jambon sous plastique et une baguette de pain industrielle. Le grand classique du sandwich. Après chaque pause déjeuner, lorsqu’il fallait repartir et que nous rangions nos affaires, le constat était sans appel : du plastique, du plastique, et encore du plastique. Nous repartions immanquablement avec plusieurs emballages, la plupart du temps non recyclables par les centres de tri des communes où nous étions en vacances.
Un manque d’engagement ?
Alors pourquoi ne faisions-nous pas l’effort d’agir en contexte de vacances ? D’abord, parce que personne n’est parfait. Et puis, l’organisation et l’anticipation sont rarement nos priorités. Et encore moins les repas de midi. « Vacances » rime avec pique-nique, déjeuners sur le pouce au milieu de la nature, mais certainement pas avec « prise de tête » ou « questionnement » sur comment recycle-t-on un plastique de type 1 ou de type 7. Paradoxal, surtout lorsque l’on estime être porteur de valeurs environnementales fortes, tout en étant engagé dans le respect et la préservation de la nature dans sa globalité.
Ne pas jeter nos déchets non recyclables
Pour nous aider à relever notre challenge, nous avons pris la décision de conserver avec nous tous nos déchets non recyclables ou non compostables, et ce pendant toute la durée de notre voyage. Cela parait simple, et pourtant ça n’est pas si facile, d’autant plus nous changeons de lieu tous les deux jours. Car cet été, nous nous sommes lancés dans un tour de France en train ! Notre objectif, faire le tour des copains et profiter de la famille, le tout, sans voiture, afin de limiter notre impact carbone. Pour être cohérent dans cette démarche, il fallait donc également repenser notre façon de consommer. Conserver nos déchets nous permet de prendre conscience de la quantité de déchets que nous produisons, et nous pousse ainsi à les limiter.
Voyager zéro déchet au quotidien
Notre kit zéro pour voyager zéro déchet
En termes de zéro déchet, nous ne partons pas de « zéro ». Cela fait plusieurs années que cela fait partie de notre quotidien. En voyage, en revanche, c’est tout nouveau. Du moins, la mise en pratique. Pour relever notre défi, nous sommes partis équipés de quelques accessoires, certes basiques, mais qui nous ont paru indispensables :
- des couverts réutilisables : indispensables pour voyager ! Il en existe qui combinent couteau et fourchette, le tout en un seul accessoire ;
- deux ou trois contenants lavables ; cela permet de transporter des restes ou des produits qui nécessitent d’être stockés (nos déchets non recyclables par exemple), mais aussi de ranger son pique-nique ;
- quelques sacs à vrac : pour faire ses courses, tout simplement, et ne pas utiliser les sacs fournis par les supérettes, d’autant plus utiles si vous achetez en vrac ;
- une gourde : pour éviter d’acheter des bouteilles en plastique ;
- un sac de courses d’appoint : pour transporter nos achats sans galérer !
Zéro déchet au quotidien
L’une des situations difficiles à gérer lorsque l’on souhaite limiter ses déchets en voyage est la gestion des pique-niques. C’est le premier obstacle que nous avons rencontré : la plupart des aliments préparés, prêt-à-manger ou en petite quantité sont souvent enveloppés de plusieurs couches de plastiques ou stockés dans des emballages qui ne sont pas toujours recyclables. C’est d’ailleurs ce type de situation qui nous a poussé à repenser notre consommation en voyage.
Autre difficulté, le fait que les communes françaises ne gèrent pas toutes leurs déchets de la même façon. Certaines sont équipées de centres de tri qui permettent de recycler la majorité des plastiques, comme la métropole lyonnaise par exemple, alors que d’autres non. C’est le cas de Carcassonne : lors de notre voyage, nous avons ainsi conservé l’ensemble de nos déchets plastiques jusque Pau, ville qui elle, est en mesure de les prendre en charge. Cette démarche requiert de se renseigner sur la capacité des centres de tri de chacune des communes, informations pas toujours faciles à dénicher !
Enfin, et peut-être le plus difficile : les petits gâteaux offerts avec le café dans les brasseries ! Oui, cela fait partie des déchets que nous produisons et sur lesquels nous pouvons agir. Sauf que le petit carré de chocolat avec le café, c’est cool. Même problème dans les petits déjeuners proposés par les hôtels : beurre ou confiture en portion unitaire, yaourts en pots en plastique, etc. Le plus important reste d’avoir conscience que chaque petit geste compte !
Nos astuces pour voyager zéro déchet
Les premiers jours de notre voyage nous ont permis de nous rendre compte des mauvaises habitudes de consommation que nous avions pris en voyage. Cette prise de conscience nous a poussé à nous adapter et à rechercher des alternatives. Voici les astuces que nous avons peu à peu mis en place :
- faire ses courses en vrac : nous le faisions déjà au quotidien, mais ça fonctionne aussi en voyage ! Grâce à nos sacs à vrac, nous avons pu acheter fruits secs, biscuits et autres réjouissances sans produire de déchet. À noter que si les magasins en vrac se démocratisent dans les métropoles, ils ne sont pas toujours très répandus dans les villes de taille moyenne ;
- acheter dans les magasins bio : cela permet d’acheter plus facilement des bocaux en verre ou en boîte de conserve, même s’il est possible de trouver ce type de produits dans des magasins classiques ;
- consommer local : les déchets ne sont pas que plastiques, ils sont également liés au transport de marchandises. Les terroirs français font partie des plus riches au monde, un bon moyen de redécouvrir la culture régionale et de soutenir les commerces locaux, tout en limitant notre empreinte carbone ;
- anticiper au maximum : c’est peut-être le point le plus difficile à mettre en place. Anticiper ses besoins permet de ne pas craquer en situation de crise : envie de gâteaux ? Besoin de boire de l’eau ? Emplettes du dimanche ? Avec l’expérience, nous avons appris qu’il faut toujours avoir un encas sur soi, ainsi qu’une gourde pleine !
- avoir son kit zéro déchet : cela évite d’acheter des bouteilles ou des couverts en plastique (même si beaucoup sont désormais compostables), un geste non négligeable pour l’environnement !
Voyager zéro déchet : et après ?
Les déchets que nous avons ramenés
Malgré nos efforts, nous avons tout de même ramené quelques déchets avec nous :
- des tickets de métro : achetés à Paris, la bande magnétique de ces tickets ne se recyclent pas ;
- nos billets de train : non recyclables pour la même raison que les tickets de métro ;
- des emballages de gâteaux de café : que nous avons gardés jusqu’à trouver une commune qui les accepte en centre de tri ;
- une chaussure : la deuxième a été égarée en route, ce qui rend la paire inutilisable. Nous ne savions pas où la recycler ni où la jeter ;
- des couvercles de pots de yaourts : ils sont bio et locaux, mais leurs contenants restent en plastique alimentaire ;
- un tube de dentifrice vide : ayant la phobie des dentistes, je n’arrive pas à passer au dentifrice DIY ;
- des emballages de paquets de mouchoirs : je ne suis pas encore passée aux mouchoirs lavables…
Finalement, pas tant de choses que ça, mais ça reste des déchets qui sont désormais produits et qui ne seront jamais ou mal recyclés. Bref, pour moi, c’est une trace indélébile de plus laissée sur la planète après notre passage.
Une expérience très positive
Cette démarche aura été riche d’enseignements. Au-delà de nos habitudes quotidiennes, nous souhaitons pratiquer le zéro déchet le plus possible afin de limiter la production de déchets non recyclables au strict minimum. Le fait de nous contraindre à les transporter a eu de nombreuses répercussions :
- D’une part, cela a permis une prise de conscience de ce que nous pouvons produire. Le fait de jeter nos déchets au fur et à mesure ne permet pas de se rendre compte de ce que nos actes de consommation engendrent.
- D’autre part, cela nous a poussé à nous responsabiliser : nous étions seuls responsables de nos déchets, sans poubelles pour les jeter ou personnels d’entretien pour nettoyer derrière nous.
- Pour finir, nous nous sommes rendus compte que nos actes d’achat ne sont jamais anodins. En tant que citoyens, nous pouvons faire le choix de la consommation que nous souhaitons avoir. Acheter un produit dont nous partageons les valeurs valorise la marque ou l’enseigne qui le produit. À l’inverse, acheter sous plastique valide le concept même de l’emballage.
Un pas de plus vers l’autonomie ?
Si le zéro déchet est avant tout un engagement envers la préservation de l’environnement, c’est aussi un pas de plus vers l’autonomie. Je pense que nous sommes responsables de ce que nous produisons. Une responsabilité que nous oublions facilement de par les nombreux services qui sont mis en place dans nos sociétés et qui nous font oublier qu’il y a toujours quelqu’un pour ramasser derrière nous. Être responsable de nos déchets, c’est apprendre à être autonome, à consommer de façon durable, mais surtout circulaire. En voyage, l’autonomie est d’autant plus présente que nous n’emportons souvent que le strict nécessaire. Alors pourquoi ne pas appliquer le même principe à nos déchets ? Enfin, si certains sont recyclables, les transformer reste encore très énergivore : à mon sens, le mieux reste, dans la mesure du possible, de ne pas acheter de produits emballés.
C’est la prise de conscience de la quantité de plastique consommée à la maison, comme en voyage, qui nous a poussé à tendre vers plus de sobriété. Conserver nos déchets tout au long de notre voyage permet de réaliser tout ce qui peut être généré en termes de plastiques et autres. En parallèle, nous avons réalisé que nous pouvions agir directement à la source en faisant le choix de ne pas consommer de produits emballés. À mon sens, c’est un acte citoyen qui offre à chacun l’opportunité de s’engager pour l’environnement. Enfin, le zéro déchet est un pas de plus vers l’autonomie, une pratique qui s’aligne avec celle du no poo, même en voyage !
Et vous, le zéro déchet ça vous parle ?
Plus d'articles
Accepter ses règles avec la culotte menstruelle
Les marques de protections hygiéniques lavables fleurissent sur le marché : véritable star de ces dernières années, la culotte menstruelle surfe sur la vague du zéro déchet. Moi qui ne jurais que par la cup ou les tampons, elles...
L’homme préhistorique est aussi une femme, l’essai engagé de Marylène Patou-Mathis
L'homme préhistorique est aussi une femme est un essai écrit par Marylène Patou-Mathis. À travers ce livre éclairé et éclairant, l'auteure et préhistorienne pose un autre regard sur l'histoire, plus réaliste et sans préjugés...
Arrêter la pilule : l’une des meilleures décisions de ma vie
La pilule est le contraceptif le plus prescrit en France. Et pourtant, ce petit comprimé peut parfois être à l'origine d'un mal-être persistant et de nombreux effets secondaires. Lorsque j'ai décidé d'arrêter la pilule...
Jouissance Club, le livre de Jüne Plã qui t’ouvre les portes du plaisir
Jouissance Club est le livre écrit par l'illustratrice et instagrameuse à succès Jüne Plã. Il s'adresse à tous.tes ceux.celles qui souhaitent partir à l'aventure et explorer le monde du sexe. Original, inclusif et (ré)créatif,...
Renouer avec son cycle menstruel pour se reconnecter à son corps
Si la nature cyclique des personnes menstruées a longtemps été mise de côté, voire oubliée, elle a une part super importante dans nos vies ! Travail, stress, voyages ou encore contraception, renouer avec son cycle menstruel est...
Simone Veil, l’immortelle, l’hommage poignant de Pascal Bresson illustré par Hervé Duphot
Simone Veil, l'immortelle est une bande dessinée écrite par Pascal Bresson et illustrée par le talentueux Hervé Duphot. Engagée, cette œuvre est un hommage poignant envers une femme courageuse qui a dédié sa vie aux droits des...